La plaque souvenir rue Crébillon à Nantes
Dunan : Auto-portrait
♦ 1793
Naissance de René Dunan le 22 brumaire an 2 (12 novembre 1793) à Nantes, au domicile de ses parents qui tiennent un commerce d’épicerie dans le bas de la rue Crébillon, à l’angle de la rue de Guérande. Selon toutes vraisemblances, il est né sourd. Le père, Jean Dunan, est âgé de trente-quatre ans et est originaire de Nevers (Nièvre). La mère, Jeanne, née Rabouën, a trente-huit ans. Plus âgée que son époux, elle est originaire d’Angers (Maine-et-Loire). Le couple s’est marié en juillet 1782 à Nantes.
A cette époque, Nantes est un port très actif dans le commerce des épices. C’est aussi une place du triste trafic négrier. On y voit donc de nombreux navires.
♦ 1803 (ou 1804)
Le petit René entre à l’Institution des Sourds de Paris, rue Saint-Jacques, dont le directeur est, à ce moment-là, l’abbé Roch-Ambroise Cucurron-Sicard.. Il a certainement, parmi ses enseignants, Jean Massieu et Laurent Clerc. Mais on ignore tout de cette période de sa vie car il n’existe plus aucune archive et on ne sait pas s’il a appris un métier. Il reste sans doute une douzaine d’années à Saint-Jacques. L’un de ses frères, Jacques-Luc, plus jeune que lui, également sourd-muet vient le rejoindre.
♦ 1815 (vers)
Sa scolarité terminée, le jeune René Dunan revient à Nantes et commence à travailler dans l’épicerie de ses parents.
♦ 1816
René Dunan a 23 ans et vit chez ses parents. Il est approché par l’abbé Gabriel Deshayes qui a fondé en 1810 l’école d’enfants sourds de La Chartreuse d’Auray (Morbihan). Cette école connaît des bouleversements : La répétitrice parisienne Laurine Duler qui avait été « prêtée » par l’abbé Sicard pour démarrer l’école s’en va et s’installe à Arras. Le responsable de la section des garçons, Louis-François Humphry quitte lui aussi son poste pour aller enseigner au collège d’Auray.
Gabriel Deshayes qui tient à son école consulte Sicard. Ce dernier l’oriente vers René Dunan qu'il connait bien puisqu'il a été un de ses ses élèves. A l’issue de la rencontre, Dunan part travailler à La Chartreuse. C'est là qu'il fera sa formation d'enseignant.
♦ 1820
Constatant qu’il existe de nombreux enfants sourds à Nantes, et se sentant motivé par l’enseignement après son séjour à Auray, Dunan va décider de créer une petite école dans sa ville natale et l’installer au domicile même de ses parents, rue Crébillon, là où il est né.
♦ 1823
En novembre, le Frère Isaac est envoyé à La Chartreuse par Gabriel Deshayes.
♦ 1824
Dans ses délibérations du 20 octobre 1824, le Conseil Municipal inscrit à son budget 1825 un « Secours au Sieur DUNAN pour une petite école de sourds-muets indigents, tenue par lui-même, à raison de 50 F pour chaque élève admis gratuitement. Somme proposée par le Conseil Municipal : 500 F. Somme proposée par le Préfet : 500 F. Somme accordée par Sa Majesté : 500 F ». Cette subvention sera renouvelée l’année suivante, puis tous les ans.
1824 sera l’année officiellement retenue comme étant celle de la création de l’école des sourds de Nantes. Une plaque en rappelle le souvenir.
♦ 1826
Il est envisagé de déplacer l’école de Dunan au sein de l’hospice dit « Sanitat » car le local qu’il occupe dans la maison familiale est trop petit. Mais finalement cela ne se fait pas en raison de problèmes d’affectation de salles, insuffisamment nombreuses, et de la vétusté de l’hospice qui est une ancienne léproserie.
Le père de René Dunan prend sa retraite et se retire de son commerce de la rue Crébillon. Il part habiter au village de Sèvre en banlieue nantaise, village qui été depuis absorbé par la ville. Un de ses fils, Charles, reprend l’affaire.
♦ 1828
Sur un document d’archives recensant les sourds-muets il est indiqué que « le sieur Dunan, élève distingué de l’institution de Paris, sourd-muet lui-même, tient une classe de cinq élèves enseignés gratuitement par lui moyennant une allocation annuelle au budget de la ville de 50 francs par élève ».
♦ 1834
Le département de Loire-Atlantique décide de créer des bourses pour l’éducation des sourds-muets.
♦ 1835
Un arrêté est pris pour la création d’une véritable école de sourds-muets en Loire-Atlantique avec son installation dans un ancien prieuré faisant partie du nouvel l’hôpital Saint-Jacques au village de Pirmil sur la rive sud de la Loire. Ce village est maintenant un quartier de la ville de Nantes. René Dunan est officiellement nommé directeur de l’école.
♦ 1840
Premier règlement de l’école rédigé par Dunan lui-même. Sur les conseils de son entourage et de l’administration, Dunan tente d’embaucher quelqu'un pour l’aider.
Un ancien cordonnier, Pierre Renaud, se présente mais ne reste pas longtemps. Cependant, on n'a aucune trace de cette embauche dans les archives de l'administrative des hospices
Malgré les efforts de Dunan, l’école n’évolue pas. Cette situation inquiète l'administration.
♦ 1843
René Dunan est remercié. A la demande de l’administration, les Frères de Saint-Gabriel prennent possession de l’école qu’ils réorganisent. Les garçons resteront à Nantes et les filles iront à Auray. Quant aux garçons présents à Auray, ils viendront à Nantes.
René Dunan quitte ses fonctions le 31 octobre. Sans revenus, mais se disant rentier car il a touché sa part d'héritage, il se retire à Carquefou au nord de Nantes, où des membres de sa famille tiennent une épicerie. Il vit dans une maison qui lui aurait été léguée par ses parents. Là, solitaire, il se met à la peinture. Il dessine des paysages et des scènes de chasse. Il peint également un autoportrait. Ses tableaux ont malencontreusement disparu.
♦ 1850
Décès du directeur de l’école, le Frère Ildefonse, remplacé par le Frère Emmanuel puis par le jeune Frère Louis Caillaud (il n’a que 27 ans) qui va rester de longues années en place. En 1880, le Frère Louis montrera un désaccord avec les décisions du congrès sur l’éducation des sourds tenu à Milan, congrès qui demandera l'interdiction d'utiliser la langue des signes dans l'enseignement.
♦ 1856
Le département se rend acquéreur pour la somme de 95 000 francs de la propriété de La Persagotière, vaste domaine sur les bords de la Sèvre, un affluent le la Loire. S'y ajoute une enveloppe supplémentaire de 20 000 francs pour la réalisation de travaux d'aménagements. L’école, œuvre initiale de Dunan, y est transférée et va s’y développer.
♦ 1869
Catholique pratiquant, René Dunan fait un don pour la réalisation dans la nouvelle église de Carquefou d'un vitrail dédié à sainte Anne et portant son nom. Ce vitrail est toujours visible et porte l'inscription « RENE DUNAN, 1ER DIRECTEUR DES SOURDS-MUETS » (photo ci-contre ⇒).
♦ 1875
René Dunan a 82 ans. Très fatigué et souffrant de la solitude en son domicile de Carquefou, il vient solliciter près du Frère Louis la possibilité de vivre à La Persagotière. Ému par son sort, le Frère Louis lui offre généreusement une chambre dans l’école. Il passera là les dix dernières années de sa vie.
♦ 1885
Décès de René Dunan le 16 mai. Il est enterré au cimetière Saint-Jacques. Sa tombe a malheureusement disparu.
♦ 1998
En hommage au fondateur et premier directeur de l'école des sourds, l'association des anciens élèves dévoile une plaque apposée à l’angle de la rue Crébillon et de la rue de Guérande, là où se trouvait la maison de la famille de René Dunan.
♦ 2016
En octobre, une rue René Dunan est inaugurée à Nantes. Elle mène aux nouveaux bâtiments de La Persagotière, les anciens ayant été démolis pour laisser place à des ensembles immobiliers.